"Quelles transformations doivent maintenant s'effectuer dans nos manières de penser ! Même les idées élémentaires du temps et de l'espace sont devenues chancelantes. Par les chemins de fer l'espace est anéanti, et il ne nous reste plus que le temps. Si nous avions seulement assez d'argent, pour tuer aussi ce dernier d'une façon convenable ! En trois heures et demie on fait maintenant le voyage d'Orléans ; en autant d'heures celui de Rouen. Que sera-ce quand les lignes vers la Belgique et l'Allemagne seront exécutées et reliées aux chemins de fer de ces contrées ? Je sens déjà l'odeur des tilleuls allemands ; devant ma porte se brisent les vagues de la mer du Nord." Heinrich Heine, Lutèce. Lettres sur la vie politique, artistique et sociales de la France , Paris, Lévy, 1855, p. 327. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68453t/f345.image
3 mercredi [avril 1839] Parti à sept heures pour Saint-Étienne. Puiseux a voulu nous accompagner. L'omnibus nous mène à l'extrémité de Perrache [...]. Fourvière nous suit longtemps, avec sa belle chaîne, le long de la Saône et les grottes du chemin des Étroits (?) où Rousseau, jeune et pauvre, dormit si bien. Que d'aventures dans ce Lyon à la rencontre des routes et des fleuves ! N'est-ce pas sur un pont de Lyon qu'Agrippa d'Aubigné délibérait s'il se noierait, lorsque la Providence vint à son secours ? Cependant, nous passons sous les dernières collines de la chaîne, nous perdons de vue Fourvière, nous longeons le Rhône. Les chevaux nous quittent, la machine vient nous remorquer. Vitesse fort modérée, puisqu'on monte à Saint-Etienne en cinq heures (douze lieues). Il n'en faut que trois pour descendre [...] je remarquais à peine, en descendant, que nous n'avions ni machine, ni chevaux, notre poids nous entraînait jusqu'à Rive-de-Gier.
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